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donnait un seul instant, mais qui veillait constamment sur moi, et ne cessait jamais de tenir en sa sainte garde une si indigne créature. Souvent les esprits malins cherchaient pendant la nuit à me tenter et à me vaincre par leurs ruses, surtout pendant que je dormais ; mais mon Sauveur me protégeait et combattait lui-même pour moi. Il me faisait même la grâce de leur résister, pendant mon sommeil, aussi vaillamment que si j’eusse été éveillée.

§. 39.

Voilà comment s’est passée la vie d’une pauvre paysanne, d’une chétive servante, depuis qu’il a plu au Dieu de bonté et de charité, de lui servir lui-même de guide. Il m’a tirée ainsi de ma misère, c’est-à-dire, de mon ignorance et de mes péchés, et il a fait de moi ce que je suis maintenant, par sa grâce et sa miséricorde. Voilà quel a été mon genre de vie pendant vingt ans, sans que j’aie senti diminuer, le moins du monde, l’amour qu’il a versé pour lui dans mon cœur, dès le commencement de ma conver-