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mon Dieu, mon amour, m’éclairait de sa lumière : il me montrait que je devais étouffer ces bouillonnements de la nature, et ne jamais les favoriser par mes paroles ou par mes actions. Il se rendait lui-même le gardien vigilant de mes lèvres et de mon cœur, pour m’empêcher de nourrir ces mouvements désordonnés, de sorte qu’ils s’amortissaient nécessairement, au moment même de leur naissance.

§. 26.

Il arrivait bien quelquefois, mais seulement dans les cas de grande précipitation, que je me laissais entraîner par un mouvement violent d’impatience, ou par quelque autre passion désordonnée ; mais à l’instant même j’étais arrêtée, et forcée intérieurement de retenir le mot prêt à s’échapper de ma bouche, comme si quelqu’un m’eût lié la langue ; et je ne pouvais continuer, qu’après avoir réduit au silence le mouvement déréglé qui s’était emparé de moi. Quand même il ne se serait agi que de reprendre un enfant, de lui rappeler une faute qu’il avait