Page:Vie de Lazarille de Tormès, 1886.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
DE TORMÈS

cetés que je lui ai faites (quoique je les payai cher), quand je considère que ce qu’il me dit ce jour se vérifia à la lettre, comme vous l’apprendrez, Monsieur.

Cela et les méchantes moqueries que l’aveugle faisait de moi, me déterminèrent de tout point à le quitter. J’y avais déjà songé et en avais l’intention, mais ce dernier tour me décida, et je le fis, comme vous allez voir.

Nous sortîmes le lendemain par la ville pour demander l’aumône, et comme il avait plu la nuit d’avant et qu’il pleuvait encore, mon maître allait récitant ses oraisons sous certains auvents qui sont en ce village, où nous étions à l’abri. Lorsque la nuit vint, la pluie tombant toujours, l’aveugle me dit :