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DE TORMÈS

de sa poche et m’ordonna d’aller quérir pour autant de vin à la taverne. Le diable en cet instant me mit devant les yeux l’occasion, qui, dit-on, fait le larron, car voici qu’auprès du feu


j’aperçus un navet mince, longuet, flétri et tel qu’on l’avait jeté là, l’ayant jugé indigne d’être mis au pot. Or, comme, hors nous deux seuls, personne n’était présent, et que le savoureux fumet de la saucisse (qui, bien le savais-je, était l’unique profit que j’en dusse tirer) avait réveillé en moi un féroce appétit, sans réfléchir à ce qui pouvait m’arriver, refoulant toute crainte et ne pensant qu’à satisfaire mon envie, pendant que