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DE TORMÈS

Madeleine. De manière que, fréquentant les écuries, elle y fit la connaissance d’un homme More, de ceux qui pansent les bêtes. Cet homme parfois venait dans notre maison et en sortait le matin ; d’autres fois il venait à notre porte en plein jour, sous prétexte d’acheter des œufs, et entrait dans la maison. Moi, au commencement, j’étais marri de le voir et j’avais peur de lui à cause de sa couleur et de sa mauvaise figure ; mais lorsque je m’aperçus qu’avec sa venue le manger s’améliorait, je me pris à l’aimer bien, car toujours il apportait du pain, des tranches de viande et, en hiver, du bois dont nous nous chauffions.

Tant durèrent cette hospitalité et ce commerce que ma mère finit par me donner un moricaud bien gentil, que j’aidais à bercer et à réchauffer. Et je me souviens qu’un jour que mon noir beau-père jouait avec l’enfant, celui-ci, voyant ma mère et moi blancs et l’autre