Page:Vie de Lazarille de Tormès, 1886.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
DE TORMÈS

tous les cinq l’escortèrent je ne sais où ; mais il m’est avis que la pauvre couverture paya pour tous, et bien s’employait-elle, car au moment où elle aurait dû reposer et se délasser des fatigues passées, elle se louait encore.

Voilà comment me quitta mon pauvre troisième maître. Par quoi j’achevai de reconnaître ma déplorable fortune, qui, se déclarant tant et plus contre moi, conduisait mes affaires tout à rebours ; car, tandis qu’il est d’usage que les serviteurs abandonnent leurs maîtres, dans mon cas il en fut autrement, mon maître m’ayant laissé et s’étant sauvé de moi.