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LAZARILLE

À ces mots, les voisines qui étaient là leur dirent : « Messieurs, cet enfant est un innocent qui, depuis peu, vit avec cet écuyer et ne sait pas plus que vous ses affaires, car même le pauvret s’en venait chez nous et nous lui donnions à manger ce que nous pouvions, pour l’amour de Dieu, et à la nuit il s’en retournait coucher avec son maître. »

Mon innocence reconnue, ils me lâchèrent et me mirent en liberté. Puis, l’alguazil et le greffier demandèrent leurs droits à l’homme et à la femme ; sur quoi il y eut entre eux grand débat et rumeur, parce que ceux-ci prétendirent qu’ils n’étaient pas tenus de payer, puisqu’il n’y avait rien, et, partant, point de saisie. Les autres alléguèrent qu’ils avaient laissé d’aller à une autre affaire qui leur importait plus, pour venir à celle-ci. Enfin, après avoir beaucoup disputé, un archer saisit la vieille couverture de la vieille, et, quoiqu’il n’en fût guère chargé, néanmoins