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LAZARILLE

n’aurais pas regardé à cela, principalement avec plus grands et plus riches que moi. » — « Tu es enfant », me dit-il, « et n’entends rien aux exigences de l’honneur, en quoi consiste aujourd’hui tout le capital des gens de bien. Or, je te fais savoir que je suis, comme tu vois, un écuyer, mais que, néanmoins, si je rencontrais le comte dans la rue et qu’il ne me tirât pas (j’entends complètement bien tiré) son bonnet, en le voyant venir une autre fois je saurais pardieu bien, pour ne pas lui tirer le mien, entrer dans quelque maison, feignant d’y avoir affaire ou passer par une autre rue avant qu’il ne me rejoigne ; car un noble ne doit rien à d’autres qu’à Dieu et au roi, et il ne convient pas, qu’étant homme de bien, il néglige une minute de priser beaucoup sa