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LAZARILLE

sur un brancard au bas de la rue. Je me rangeai contre le mur pour leur faire place. Après le corps, et le joignant, venait une femme, qui devait être celle du défunt, couverte de deuil et accompagnée de beaucoup d’autres. Elle pleurait et poussait de grands cris, disant : « Mon mari et mon seigneur, où vous portent-ils ? À la maison triste et infortunée, à la maison caverneuse et sombre, à la maison où l’on ne mange ni ne boit. »

Lorsque j’ouïs cela, je crus que le ciel et la terre allaient se rejoindre. « Oh malheureux de moi, c’est chez nous qu’ils portent ce mort ! » Et laissant ma route, fendis par le milieu de la