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Guillotin, la canaille elle-même y regarde à deux fois, de telle sorte que dans ce réceptacle on ne voit que des filles publiques avec leurs souteneurs, des filous de tous genres, quelques escrocs du dernier ordre, et bon nombre de perturbateurs nocturnes, intrépides faubouriens, qui font deux parts de leur existence, l’une consacrée au tapage, l’autre au vol. On se doute bien que l’argot est la seule langue que l’on parle dans cette aimable société ; c’est presque toujours du français, mais tellement détourné de sa signification primitive, qu’il n’est pas un membre de l’illustre compagnie des quarante qui pût se flatter d’y comprendre goutte ; et pourtant les abonnés de Guillotin ont aussi leurs puristes ; ceux-là prétendent que l’argot a pris naissance à Lorient, et sans croire qu’on puisse leur contester la qualité d’Orientalistes, ils se l’appliquent sans plus de façon, comme aussi celle d’Argonautes, lorsqu’il leur est arrivé d’achever leurs études sous la direction des argousins, en faisant dans le port de Toulon, la navigation dormante à bord d’un vaisseau rasé. Si les notes étaient de mon goût, je pourrais saisir aux cheveux l’occasion d’en faire quelques-unes de très savantes, peut-être irais-je jusqu’à la dis-