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l’honneur des filous de Paris ; on prétend que vous ne ferez pas tel vol… ; la personne est sur ses gardes, ainsi prenez vos précautions et songez bien que j’ai répondu du succès. »

Dans ces temps d’heureuse mémoire, M. le lieutenant-général de police ne tirait pas moins vanité de l’adresse de ses filous, que feu l’abbé Sicard de l’intelligence de ses muets ; les grands seigneurs, les ambassadeurs, les princes, le roi lui-même étaient conviés à leurs exercices. Aujourd’hui on parie pour la vitesse d’un coursier, on pariait alors pour la subtilité d’un coupeur de bourses ; et dans la société, souhaitait-on s’amuser, on empruntait un filou à la police, comme maintenant on lui emprunte un gendarme. M. de Sartines en avait toujours dans sa manche une vingtaine des plus rusés, qu’il gardait pour les menus plaisirs de la cour ; c’étaient d’ordinaire des marquis, des comtes, des chevaliers, ou tout au moins des gens qui avaient toutes les manières des courtisans, avec lesquels il était d’autant plus aisé de les confondre, qu’au jeu, un même penchant pour l’escroquerie établissait entre eux une certaine parité.

La bonne compagnie, dont les mœurs et les