Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des clabauderies et des cancans, Lacour et ses affidés passèrent à des trames plus réelles ; et à l’approche des assises, pendant lesquelles devaient être jugés les nommés Peyois, Leblanc, Berthelet et Lefebure, prévenus de vol avec effraction, à l’aide d’une pince ou monseigneur le dauphin, ils répandirent le bruit que j’étais à la veille d’une catastrophe, et que vraisemblablement je ne m’en tirerais pas les chausses nettes.

Cette prophétie, lancée chez tous les marchands de vin des environs du Palais de Justice, me fut promptement rapportée ; mais je ne m’en inquiétai pas plus que de tant d’autres qui ne s’étaient pas réalisées ; seulement, je crus m’apercevoir que Lacour redoublait de souplesse et de petits soins ; il me saluait plus respectueusement et plus affectueusement encore que de coutume ; ses yeux, à la faveur de ce mouvement en spirale qu’il imprime à sa tête, lorsqu’il vise à se donner les grâces de l’homme comme il faut, évitaient de plus en plus la rencontre des miens. À la même époque, je remarquai chez trois autres de mes agents, Chrestien, Utinet et Decostard, un redoublement d’ardeur pour le service et de complaisance qui m’étonnait. J’étais instruit que ces messieurs