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coupables, ce n’a été qu’après avoir été renvoyés. Vu les antécédents et la position de ces hommes, le pouvoir que j’exerçais sur eux était en quelque sorte arbitraire ; pour les maintenir dans le devoir, il fallait une volonté de fer et une résolution plus forte encore. Mon ascendant sur eux provenait surtout de ce qu’ils ne m’avaient pas connu avant mon entrée dans la police : plusieurs m’avaient vu soit à la Force, soit à Bicêtre ; mais je n’avais jamais été que leur camarade de détention, et je pouvais les mettre au défi de citer une affaire à laquelle j’eusse participé, soit avec d’autres, soit avec eux.

Il est à remarquer que la plupart de mes agents étaient des libérés, que j’avais moi-même arrêtés à l’époque où ils s’étaient brouillés avec la justice. À l’expiration de leur peine, ils venaient me prier de les enrôler, et lorsque je leur reconnaissais de l’intelligence, je les utilisais pour le service de sûreté : une fois admis dans la brigade, ils s’amendaient momentanément, mais sous un seul rapport : ils ne volaient plus ; quant au reste, ils étaient toujours des êtres perdus de débauche, adonnés au vin, aux femmes et surtout au jeu ; plusieurs d’entre eux