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pression dont il se servit, était un peu moins congrue.) Les honnêtes gens ! ce qui deviendraient ?… tais-toi donc, ça ne t’inquiète guère ; quand t’étais au pré, tu chantais autrement.

— » Il y reviendra, dit un des condamnés qui nous écoutaient.

— » Lui ! s’écria Masson, on n’en voudrait pas ; à la bonne heure un brave garçon ! ça peut aller partout. »

Toutes les fois que l’exercice de mes fonctions m’appelait à Bicêtre, j’étais sûr qu’il me faudrait essuyer des reproches de la nature de ceux qui me furent adressés par Masson. Rarement j’entrais en discussion avec le prisonnier qui m’apostrophait ; cependant je ne dédaignais pas toujours de lui répondre, dans la crainte qu’il ne lui vînt à l’idée, non que je le méprisais, mais que j’avais peur de lui. En me trouvant en présence de quelques centaines de malfaiteurs qui avaient tous plus ou moins à se plaindre de moi, puisque tous m’avaient passé par les mains ou par celles de mes agents, on sent qu’il m’était indispensable de montrer de la fermeté ; mais cette fermeté ne me fut jamais plus nécessaire que le jour où je parus pour la première fois au milieu de cette horrible population.