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de ce temps, la captivité commençant à me peser, je m’avisai de sortir, tantôt sous un déguisement, tantôt sous un autre. Je pensais n’avoir pas été reconnu, lorsque tout à coup le bruit se répandit que j’étais dans la ville ; toute la police se mit en quête pour m’arrêter ; à chaque instant on faisait des visites chez ma mère, mais toujours sans découvrir ma cachette ; ce n’est pas qu’elle ne fût assez vaste, puisqu’elle avait dix pieds de long sur six de large ; mais je l’avais si adroitement dissimulée qu’une personne, qui plus tard acheta la maison, l’habita plus de quatre ans sans soupçonner l’existence de cette pièce ; et probablement elle l’ignorerait encore, si je ne la lui eusse pas révélée.

Fort de cette retraite, hors de laquelle je croyais qu’il serait difficile de me surprendre, je repris bientôt le cours de mes excursions. Un jour de mardi gras, je poussai même l’imprudence jusqu’à paraître au bal Saint-Jacques, au milieu de plus de deux cents personnes. J’étais en costume de marquis ; une femme avec laquelle j’avais eu des liaisons m’ayant reconnu, fit part de sa découverte à une autre femme, qui croyait avoir à se plaindre de moi, de sorte qu’en moins d’un quart d’heure tout le monde sut