avec horreur le déserteur, le vagabond, le bigame, le faussaire ; et cette idée me détermina à lui tout avouer. Éloigné de ceux qui m’avaient engagé dans cette intrigue, et qui venaient d’être arrêtés à Namur, je m’affermis dans ma résolution ; un soir, au moment où le souper se terminait, je me décidai à rompre la glace. Sans entrer dans le détail de mes aventures, je dis à la baronne que des circonstances qu’il m’était impossible de lui expliquer m’avaient contraint à paraître à Bruxelles, sous les deux noms qu’elle me connaissait, et qui n’étaient pas les miens. J’ajoutai que des événements me forçaient de quitter les Pays-Bas sans pouvoir contracter une union qui eût fait mon bonheur, mais que je conserverais éternellement le souvenir des bontés qu’on y avait eues pour moi.
Je parlai long-temps, et, l’émotion me gagnant, je parlai avec une chaleur, une facilité à laquelle je n’ai pu songer depuis sans en être étonné moi-même : il me semblait que je craignais d’entendre la réponse de la baronne. Immobile, les joues pâles, l’œil fixe comme une somnambule, elle m’écouta sans m’interrompre ; puis, me jetant un regard d’effroi, elle se leva brusquement, et courut s’enfermer dans