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fatigantes, de phrases prolixes, dans lesquelles l’oreille n’est pas plus ménagée que le bon sens et la syntaxe. Il ne m’était pas concevable qu’avec une telle absence de talent, on s’aveuglât au point de prendre la qualité d’homme de lettres. Mais bientôt des soupçons s’élevèrent dans mon esprit, et à la suppression de quelques noms que j’étais surpris de ne plus trouver (celui de mon successeur, Coco-Lacour, par exemple), je crus reconnaître le doigt d’une police émérite et les traces d’une transaction à laquelle on s’était bien gardé de nous initier, le libraire et moi. Vraisemblablement le parti Delavau et Franchet, informé du fatal accident qui m’empêchait de surveiller par moi-même une publication qui doit l’inquiéter, avait profité de la circonstance pour faire rédiger mes Mémoires d’une manière à paralyser d’avance l’effet de révélations dont il n’aura pas à s’applaudir. Toutes les conjectures étaient permises ; je n’accusai avec certitude que l’incapacité de mon correcteur, et comme, sans vanité, j’étais plus satisfait de ma prose que de la sienne, je le priai de se dispenser de continuer son travail.

Il semblerait qu’alors il n’eut point d’objec-