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qui avait absolument voulu nous suivre, courut aussitôt à un sac de florins qu’elle avait caché dans l’avoine, et me pria de m’en charger. On détacha ensuite le bateau, pour le laisser dériver jusqu’à un endroit où nous avions un poste retranché : mais, au moment où il prenait le fil de l’eau, nous fûmes surpris par le werdaw d’un factionnaire que nous n’avions pas aperçu au milieu des roseaux où il était embusqué. Au bruit du coup de fusil, dont il accompagna une seconde interpellation, le poste voisin prit les armes : en un instant, la rive se couvrit de soldats qui firent pleuvoir une grêle de balles sur le bateau ; il fallut bien alors l’abandonner. Nous nous jetâmes mes camarades et moi dans une espèce de chaloupe qui nous avait amenés à bord ; la femme prit le même parti. Mais le patron, oublié dans le tumulte, ou retenu par un reste d’espoir, tomba au pouvoir des Autrichiens, qui ne lui épargnèrent ni les gourmades, ni les coups de crosse. Cette tentative nous avait d’ailleurs coûté trois hommes, et j’avais eu moi-même deux doigts cassés d’un coup de feu. Delphine me prodigua les soins les plus empressés. Sa mère étant partie sur ces entrefaites pour Gand, où elle savait que son