maître, et l’on racontait qu’il n’avait obtenu sa grâce qu’à la sollicitation de la citoyenne Lebon, qui avait pris l’engagement de le convertir. La citoyenne Lebon était une ci-devant religieuse de l’abbaye du Vivier. Sous ce rapport, comme sous beaucoup d’autres, elle était la digne épouse de l’ex-curé de Neuville : aussi exerçait-elle une grande influence sur les membres de la commission d’Arras, où siégeaient, soit comme juges, soit comme jurés, son beau-frère et trois de ses oncles. L’ex-béguine n’était pas moins avide d’or que de sang. Un soir, en plein spectacle, elle osa faire cette allocution au parterre : « Ah ça ! sans-culottes, on dirait que ce n’est pas pour vous que l’on guillotine ! que diable il faut dénoncer les ennemis de la patrie !… connaissez-vous quelque noble, quelque riche, quelque marchand aristocrate ? dénoncez-le, et vous aurez ses écus. » La scélératesse de ce monstre ne pouvait être égalée que par celle de son mari, qui s’abandonnait à tous les excès. Souvent, à la suite d’orgies, on le voyait courir la ville, tenant des propos obscènes aux jeunes personnes, brandissant un sabre au-dessus de sa tête, et tirant des coups de pistolet aux oreilles des femmes et des enfants.
Une ancienne marchande de pommes, coiffée d’un bonnet rouge, les manches retroussées jus-