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m’expliquer le sujet ; et après avoir tiré de sa carnassière un morceau de pain qu’il partagea avec moi, il me donna à boire dans sa gourde. La collation ne pouvait arriver plus à propos, car j’avais besoin de reprendre des forces. Malgré l’obscurité, nous marchions si vite, que je finis par me fatiguer : mes pieds, depuis longtemps privés d’exercice, étaient devenus douloureux, et j’allais déclarer qu’il m’était impossible de pousser plus loin, quand trois heures sonnèrent à une horloge de village. « Doucement », me dit mon guide, et se baissant pour appliquer son oreille sur le sol : « Mettez-vous comme moi et écoutez. Avec cette maudite légion polonaise, il faut toujours être sur ses gardes. N’avez-vous rien entendu ? » Je répondis que je croyais avoir entendu les pas de plusieurs hommes. – « Oui, dit-il, ce sont eux, ne bougez pas, ou nous sommes pris. » À peine achevait-il, qu’une patrouille arriva sur les broussailles où nous étions cachés. « Voyez-vous quelque chose, vous autres ? dit-on très bas. – Rien, sergent. – Parbleu ! je crois bien, il fait noir comme dans un four. Cet enragé de Roman, que le tonnerre de Dieu l’écrase ! Nous faire voyager toute la nuit dans les