— Ça m’est égal, répondis-je, espérant par cette indifférence écarter les soupçons.
— En ce cas, suivez ce sentier, il vous mènera droit au poste de la gendarmerie ; si vous n’aimez pas à voyager seul, vous pourrez profiter de la correspondance.
À ce mot de gendarmerie, je me sentis pâlir. L’inconnu s’aperçut de l’effet qu’il produisait sur moi : « Allons ! allons ! dit-il, je vois bien que vous ne tenez pas à labourer la grande route. Eh bien ! si vous n’êtes pas trop pressé, je vous conduirai jusqu’au village de Pourrières, qui n’est qu’à deux lieues d’Aix. » Il se montrait trop bien au fait des localités pour que je ne m’accommodasse pas de son obligeance ; je consentis à l’attendre. Alors, sans quitter sa place, il me désigna à quelque distance de lui un fourré où il ne tarderait pas à me joindre. Deux heures se passèrent avant qu’il eût terminé sa faction ; enfin il vint à moi : « Debout ! » me dit-il. Je me levai, je le suivis, et lorsque je me croyais encore dans l’épaisseur du bois, je me trouvai sur la lisière, à cinquante pas d’une maison, devant laquelle étaient assis des gendarmes. À la vue de leur uniforme, je tressaillis. « Eh !