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tant de m’éloigner, j’en pleurai presque de joie ; toutefois, afin de ne pas me trahir, je jouai l’affliction jusqu’au bout. Parvenu au cimetière, je m’avançai à mon tour au bord de la fosse, et après avoir jeté une pellée de terre sur le cercueil, je me séparai de la société en suivant des sentiers détournés. Je marchai très longtemps, sans perdre de vue Toulon. Sur les cinq heures du soir, près d’entrer dans un bois de sapin, j’aperçois tout à coup un homme armé d’un fusil : comme il était assez bien vêtu, et qu’il avait une carnassière, ma première pensée fut que c’était un chasseur ; mais en remarquant hors de sa poche la crosse d’un pistolet, je craignis. que ce fût un de ces Provençaux qui, au bruit du canon, ne manquent jamais de se mettre en campagne pour traquer les forçats évadés. Si mes appréhensions étaient justes, toute fuite était inutile ; peut-être alors valait-il mieux avancer que rétrograder ; ce fut le parti que je pris, et m’étant approché de lui pour être à portée de saisir son premier mouvement, dans le cas où il serait hostile, je demandai la route d’Aix.

— Est-ce la traverse ou la grande route ? me dit-il avec une intention marquée.