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d’humanité, ne me laissez pas plus longtemps avec des êtres aussi pervertis. Mettez-moi au cachot, accablez-moi de chaînes, faites de moi tout ce que vous voudrez, mais que je ne sois plus avec eux. Si j’ai cherché à m’évader, ce n’a été que pour me délivrer de la présence de ces infâmes. (Dans ce moment, je me tournais du côté des forçats). Voyez, mon commissaire, de quel œil de férocité ils me regardent ; déjà ils se préparent à me faire repentir de ce que je vous dis : ils brûlent de tremper leurs mains dans mon sang ; encore une fois, je vous en conjure, ne m’abandonnez pas à la vengeance de pareils monstres. » Pendant ce discours, les forçats étaient comme pétrifiés d’étonnement ; ils ne concevaient pas qu’un de leurs camarades eût ainsi la témérité de les injurier en face ; le commissaire lui-même ne savait que penser d’une démarche aussi étrange ; il gardait le silence ; je vis qu’il était profondément ému. Alors, me jetant à ses pieds, et les larmes aux yeux, je repris : « Ayez pitié de moi. Si vous me refusez, si vous vous éloignez sans m’avoir fait sortir de cette salle, vous ne me reverrez plus. » Ces dernières