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lit sa redingote, son chapeau, sa canne et ses gants. Un matin qu’il était occupé à amputer un bras, je m’aperçus que M. Lhomme l’avait suivi, afin d’assister à l’opération qui se faisait à l’une des extrémités de la salle : l’occasion était belle pour un travestissement ; je me hâte de l’effectuer, et sous mon nouveau costume, je vais droit à la sortie ; il me fallait passer au milieu d’une troupe de sous-argousins ; je me risque effrontément ; aucun d’eux ne paraît faire attention à moi, et déjà je me suppose hors de péril, lorsque j’entends ce cri : Arrêtez ! arrêtez ! c’est un forçat qui s’évade ! À peine me restait-il vingt pas à faire pour gagner la porte de l’arsenal : sans me déconcerter, je redouble de vitesse, et parvenu devant le poste, je dis à la garde, en montrant un individu qui venait d’entrer dans la ville : « Courez donc avec moi, c’est un échappé de l’hôpital !  »

Cette présence d’esprit allait me sauver ; mais sur le point de franchir la grille, je me sens tiré par ma perruque ; je me retourne, c’est M. Lhomme : si je résiste, je suis mort ; je me résigne à marcher devant lui, et l’on me reconduit au bagne, où je suis mis à la double chaîne. Il était clair qu’il allait me