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chercher de vieux cordages, du fer, du charbon, mais dans le fait, pour recevoir et cacher des objets qu’on leur jetait du bord.

Les tapageurs étaient des ouvriers à longs tabliers, qui, feignant de demander de l’ouvrage, se précipitaient en foule à bord des bâtiments, où ils trouvaient toujours moyen de dérober quelque chose à la faveur du tumulte.

Venaient enfin les receleurs, qui non contents d’acheter tout ce que leur apportaient les voleurs dont on vient de voir l’énumération, traitaient quelquefois directement avec les capitaines ou avec les contremaîtres qu’ils savaient disposés à se laisser séduire. Ces négociations se faisaient dans un argot intelligible seulement pour les intéressés. Le sucre était du sable, le café des haricots, le piment des petits pois, le rhum du vinaigre, le thé du houblon, de manière qu’on pouvait traiter même en présence du consignataire du navire sans qu’il sût qu’il s’agissait de sa cargaison.

Je trouvai réuni à la salle n° 3 tout ce qu’il y avait dans le bagne de scélérats consommés. J’y vis un nommé Vidal, qui faisait horreur aux forçats eux-mêmes !… Arrêté à quatorze ans, au milieu d’une bande d’assassins