Le fer, le plomb, le cuivre, le chanvre, la poix, le goudron, l’huile, le rhum, le biscuit, le bœuf fumé, disparaissaient chaque jour, et trouvaient d’autant plus facilement des receleurs, que les condamnés avaient des auxiliaires fort actifs dans les marins et dans les ouvriers libres du port. Les objets de gréement provenant de ces soustractions servaient à équiper une foule d’allèges et de bateaux pêcheurs, dont les patrons se les procuraient à vil prix, sauf à dire, en cas d’enquête, qu’ils les avaient achetés à quelque vente publique d’objets hors de service.
Un condamné de notre salle, qui, étant prisonnier en Angleterre, avait travaillé comme charpentier dans les chantiers de Chatham et de Plymouth, nous rapporta que le pillage y était encore plus considérable. Il nous assura que dans tous les villages des bords de la Tamise et du Medway, il y avait des gens continuellement occupés à détordre les cordages de la marine royale, pour en ôter la marque et la cordelette, qu’on y mêle pour les faire reconnaître ; d’autres n’étaient employés qu’à effacer la flèche empreinte sur tous les objets de métal enlevés dans les arsenaux. Ces dilapidations,