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le surnommaient-ils le passe-partout. Il s’était même tellement identifié avec ce rôle qu’au bagne, mis à la double chaîne, confondu avec des hommes de l’aspect le plus misérable, il conservait encore de grands airs sous sa casaque de forçat. Muni d’un magnifique nécessaire, il donnait tous les matins une heure à sa toilette, et soignait particulièrement ses mains qu’il avait fort belles.

Jossas était un de ces voleurs comme il en existe heureusement aujourd’hui fort peu, qui méditaient et préparaient quelquefois une expédition pendant une année entière. Opérant principalement à l’aide de fausses clefs, il commençait par prendre l’empreinte de la serrure de la porte extérieure. La clef fabriquée, il pénétrait dans la première pièce ; s’il était arrêté par une autre porte, il prenait une nouvelle empreinte, faisait fabriquer une seconde clef, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il eût atteint son but. On comprend que ne pouvant s’introduire, chaque soir, qu’en l’absence des maîtres du logis, il devait perdre un temps considérable à attendre l’occasion. Il ne recourait donc à cet expédient qu’en désespoir de cause, c’est-à-dire lorsqu’il était impossible