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cette scène se groupent autour de moi, on m’accable de questions, et après quelques minutes de silence, je réponds par une histoire : c’est ma sœur que j’ai cru reconnaître.

Cet incident n’eut pas de suite. Le lendemain nous partîmes au point du jour ; je fus consterné en voyant que le convoi au lieu de suivre comme de coutume la route de Lens, prenait celle de Douai. Pourquoi ce changement de direction ? je l’attribuais à quelque indiscrétion de Francine ; je sus bientôt qu’il résultait tout simplement de la nécessité d’évacuer sur Arras la foule des réfractaires entassés dans la prison de Cambrai.

Francine que j’avais si injustement soupçonnée, m’attendait à la première halte… Malgré les gendarmes, elle voulait absolument me parler et m’embrasser, elle pleura beaucoup, et moi aussi. Avec quelle amertume ne se reprochait-elle pas une infidélité qui était la cause de tous mes malheurs ! Son repentir était sincère ; je lui pardonnai de bon cœur, et quand, sur l’injonction du brigadier, il fallut nous séparer, ne pouvant mieux faire, elle me glissa dans la main une somme de deux cents francs en or.

Enfin nous arrivons à Douai : nous voici à la porte de la prison du département, un gendarme sonne. Qui vient ouvrir ? Dutilleul, ce guichetier,