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sonne la trompette du jugement dernier. Ce fut en cet état que j’entrai à l’Égalité, prison militaire où je devais faire une station de quelques jours. Là, pour charmer l’ennui de la réclusion, je risquai quelques séances à la cantine : j’espérais qu’en me mêlant aux visiteurs je pourrais saisir une occasion de m’évader. La rencontre d’un matelot que j’avais connu à bord du Barras me parut d’un favorable augure à l’exécution de ce projet : je lui payai à déjeuner ; le repas terminé, je revins dans ma chambre ; j’y étais depuis environ trois heures, rêvant aux moyens de recouvrer ma liberté, lorsque le matelot monta pour m’inviter à prendre ma part d’un dîner que sa femme venait de lui apporter. Le matelot avait une femme ; il me vint à la pensée que pour mettre en défaut la vigilance des geôliers, elle pourrait me procurer des vêtements de son sexe ou tout autre déguisement. Plein de cette idée, je descends à la cantine, et m’approche de la table ; soudain un cri se fait entendre, une femme s’est évanouie : c’est celle de mon camarade… Je veux la secourir,… une exclamation m’échappe… Ciel, c’est Francine… ! effrayé de mon imprudence, j’essaie de réprimer un premier mouvement dont je n’ai pas été le maître. Surpris, étonnés, les spectateurs de