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soupçons qui s’étaient élevés contre moi, j’en prévins toutefois le capitaine, qui m’autorisa tacitement à faire ce que je croirais utile à ma sûreté.

Un corsaire de Dunkerque, le Barras, capitaine Fromentin, était en rade. À cette époque, on visitait rarement les bâtiments de ce genre, qui avaient en quelque sorte droit d’asile ; il m’eût fort convenu d’y passer : un lieutenant de prise auquel je m’adressai me présenta à Fromentin, qui m’admit sur ma réputation, comme capitaine d’armes. Quatre jours après, le Barras mit à la voile pour établir sa croisière dans le Sund ; on était au commencement de l’hiver de 1799, dont les gros temps firent périr tant de navires sur les côtes de la Baltique. À peine étions-nous en haute mer, qu’il s’éleva un vent du nord tout à fait contraire pour notre destination ; il fallut mettre à la cape ; le roulis était tellement fort, que j’en fus indisposé au point de ne pouvoir rien prendre autre chose, pendant trois jours, que de l’eau-de-vie mêlée d’eau ; la moitié de l’équipage était dans la même position, de manière qu’un bateau pêcheur eût suffi pour nous prendre sans coup férir. Enfin le temps s’éleva, le vent tourna tout à coup au