Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

spontané que nous avions cherché à nous soustraire à l’esclavage qu’on nous imposait ; nous n’avions d’ailleurs nullement maltraité le commandant du smack ; il pouvait en rendre témoignage comme les marins hollandais, qui savaient bien que nous leur aurions laissé le bâtiment après avoir débarqué près d’Anvers. J’ignore si ma harangue produisit quelque effet, car on ne me la laissa pas achever ; seulement, pendant qu’on nous entassait à fond de cale à la place des soldats que nous y avions mis la veille, j’entendis dire au pilote, « qu’il y en avait là plus d’un qui pourrait bien danser le lendemain au bout d’une vergue. » Le smack gouverna ensuite sur Helwotsluis, où il arriva le même jour, à quatre heures de l’après-midi. Sur la rade était mouillé le Heindrack. Le commandant du fort s’y rendit en chaloupe, et une heure après, on m’y conduisit moi-même. Je trouvai assemblé une espèce de conseil maritime qui m’interrogea sur les détails de l’insurrection et sur la part que j’y avais prise. Je soutins, comme je l’avais déjà fait devant le commandant du fort, que n’ayant signé aucun acte d’engagement, je me croyais en droit de recouvrer ma liberté par tous les moyens possibles.