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d’éviter de tomber peut-être sur quelque bâtiment garde-côte, auquel nos marins pouvaient faire des signaux ; le Dunkerquois s’y refusa avec une obstination qui eut dû m’inspirer de la méfiance. On continua la marche, et, au point du jour, le smack se trouva sous le canon d’un fort voisin d’Helwotsluis. Aussitôt le Dunkerquois annonça qu’il allait à terre pour voir si nous pouvions débarquer sans danger ; je vis alors que nous étions vendus, mais il n’y avait pas à reculer ; des signaux avaient sans doute déjà été faits ; au moindre mouvement, le fort pouvait nous couler bas ; il fallut attendre l’événement. Bientôt une barque, montée par une vingtaine de personnes, partit du rivage et aborda le smack ; trois officiers qui s’y trouvaient montèrent sur le pont sans témoigner aucune crainte, quoiqu’il fût le théâtre d’une rixe assez vive entre nos camarades et les marins hollandais, qui voulaient tirer les soldats de la cale.

Le premier mot du plus âgé des officiers fut pour demander qui était le chef du complot : tout le monde restant muet, je pris la parole en français ; j’exposai qu’il n’y avait point eu de complot ; c’était par un mouvement unanime et