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des vaisseaux marchands, auxquels on rend souvent des matelots épuisés ou malingres pour des hommes frais et vigoureux ; elle se fait aussi à terre au milieu des grandes villes, mais on ne prend en général que des individus dont la tournure ou le costume annoncent qu’ils ne sont pas étrangers à la mer. En Hollande, au contraire, à l’époque dont je parle on procédait à peu près comme en Turquie, où, dans un moment d’urgence, on prend et jette sur un vaisseau de ligne, des maçons, des palefreniers, des tailleurs ou des barbiers, gens, comme on voit, fort utiles. Qu’à la sortie du port, un vaisseau soit forcé d’en venir au combat avec un semblable équipage, toutes les manœuvres sont manquées, et cette circonstance explique peut-être comment tant de frégates turques ont été prises ou coulées bas par de chétifs misticks grecs.

Nous avions donc à bord des hommes que leurs inclinations et les habitudes de toute leur vie semblaient tellement éloigner du service maritime, qu’il eût même paru ridicule de songer à les y faire entrer. Des deux cents individus pressés comme moi, il n’y en avait peut-être pas vingt qui eussent mis le pied sur un navire, la plupart