d’un moment à l’autre de mon séjour ; je me mis donc en route pour la Hollande, avec l’intention de m’y fixer ; l’argent que j’emportais me permettrait d’attendre qu’il se présentât quelque occasion de m’occuper utilement.
Après avoir traversé Bruxelles, où j’appris que la baronne d’I… s’était fixée à Londres, Anvers et Bréda, je m’embarquai pour Rotterdam. On m’avait donné l’adresse d’une taverne où je pourrais loger. J’y rencontrai un Français qui me fit beaucoup d’amitiés et m’invita plusieurs fois à dîner, en me promettant de s’intéresser pour me faire trouver une bonne place. Je ne répondais à ces prévenances qu’avec méfiance, sachant que tous les moyens étaient bons au gouvernement hollandais pour recruter sa marine. Malgré toute ma réserve, mon nouvel ami parvint cependant à me griser complètement avec une liqueur particulière. Le lendemain, je m’éveillai en rade, à bord d’un brick de guerre hollandais. Il n’y avait plus à en douter : l’intempérance m’avait livré aux marchands d’âmes (Sel-Ferkaff).
Étendu près d’un hauban, je réfléchissais à cette destinée singulière qui multipliait autour de moi les incidents, quand un homme de l’équipage,