détours avant de rentrer à l’auberge, dans la crainte d’être suivi par quelques agents. Mon maître qui était couché, m’éveilla le lendemain avant le jour, pour me dire que nous allions partir sur-le-champ pour Nogent-le-Rotrou, d’où nous devions nous rendre dans ses propriétés, situées aux environs de cette ville. En quatre jours le voyage se fit. Reçu dans cette famille comme un serviteur laborieux et zélé, je n’en persistai pas moins dans l’intention que j’avais conçue depuis quelque temps de retourner dans mon pays, d’où je ne recevais ni nouvelles ni argent. De retour à Paris, où nous ramenâmes des bestiaux, j’en fis part à mon maître, qui ne me donna mon congé qu’à regret. En le quittant, j’entrai dans un café de la place du Châtelet, pour y attendre un commissionnaire qui m’apportait mes effets : un journal me tomba sous la main, et le premier article qui me frappa fut le récit de l’arrestation de Villedieu. Il ne s’était laissé prendre qu’après avoir terrassé deux des agents chargés de s’assurer de sa personne : lui-même était grièvement blessé. Deux mois après, exécuté à Bruges, le dernier de dix-sept de ses complices, il regardait tomber leurs têtes avec un calme qui ne se démentit pas un seul instant.
Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/334
Cette page n’a pas encore été corrigée