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et qu’il allait bientôt perdre sans retour. »

Ici Villedieu s’interrompit et laissa tomber sa tête sur sa poitrine, comme accablé par ses souvenirs ; je le laissai s’y livrer un moment, mais les noms qu’il citait m’étaient trop connus pour que je ne prisse pas à son récit un vif intérêt de curiosité. Quelques verres de champagne lui rendirent de l’énergie ; il continua en ces termes :

« Cependant les crimes se multipliaient dans une progression tellement effrayante, que la gendarmerie ne suffisait plus à la surveillance : on organisa des colonnes mobiles prises dans les garnisons de diverses villes. Je fus chargé d’en diriger une. Tu comprends que la mesure eut un effet tout contraire à celui qu’on en attendait, puisque, avertis par moi, les chauffeurs évitaient les endroits que je devais parcourir avec mon monde. Les choses n’en allèrent donc que plus mal. L’autorité ne savait plus quel parti prendre ; elle apprit toutefois que la plupart des chauffeurs résidaient à Lille, et l’ordre fut aussitôt donné de redoubler de surveillance aux portes. Nous trouvâmes pourtant moyen de rendre vaines