Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/319

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur la nature des démarches qu’on exigeait de moi ; mais, enivré par les caresses de Joséphine, je repoussai des pensées importunes, en m’efforçant de m’étourdir sur un funeste avenir. Nous partîmes tous trois, la même nuit, pour Lille. En arrivant, je courus toute la journée pour faire les dispositions nécessaires ; le soir j’eus tous mes témoins[1]. Leurs dépositions ne furent pas plus tôt parvenues à Courtrai, que Lemaire et son commis recouvrèrent leur liberté. On juge de leur joie. Elle me parut si excessive, que je ne pus m’empêcher de faire la réflexion qu’il fallait que le cas fût bien critique, pour que leur libération excitât de pareils transports. Le lendemain de son arrivée, dînant chez Lemaire, je trouvai dans ma serviette un rouleau de cent louis. J’eus la faiblesse de les accepter ; dès lors je fus un homme perdu.

» Jouant gros jeu, traitant mes camarades,

  1. On sera peut-être surpris de cette facilité, mais on cesserait de s’en étonner en apprenant par combien de témoignages de complaisance le cours de la justice est entravé chaque jour. N’a-t-on pas vu récemment à la cour d’assises de Cahors, la moitié des habitants d’une commune déposer sur un fait patent, dans un sens tout opposé que l’autre moitié.