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un verre d’eau-de-vie… – Assez surpris de ce ton, je lui envoyai ce qu’il demandait par une fille de service, qui revint aussitôt me dire que mon compagnon de voyage n’avait pas répondu ; que, sans doute, il dormait. Force me fut de retourner à la voiture, où je vis mon homme immobile dans un coin, la figure couverte d’un mouchoir. – Dormez-vous ? lui dis-je à voix basse. – Non, répondit-il… ; et je n’en ai guère envie ; mais pourquoi diable m’envoyez-vous une domestique, quand je vous dis que je ne me soucie pas de montrer ma face à ces gens-là ? – Je lui apportai le verre d’eau-de-vie, qu’il avala d’un trait ; nous partîmes ensuite. Comme il ne paraissait plus disposé à dormir, je le questionnai légèrement sur les motifs qui l’engageaient à garder l’incognito, et sur l’affaire que j’allais traiter à Courtrai, sans en connaître les détails. Il me dit, très succinctement, que Lemaire était prévenu de faire partie d’une bande de chauffeurs, et il ajouta qu’il n’en avait rien dit à Joséphine, dans la crainte de l’affliger davantage. Cependant nous approchions de Courtrai ; à quatre cents pas de la ville, mon compagnon crie au postillon