cabinet. À peine fûmes-nous servis que Villedieu, fermant la porte à double tour, et mettant la clef dans sa poche, me dit, les larmes aux yeux, et d’un air égaré : « Mon ami, je suis un homme perdu !… perdu !… On me cherche… Il faut que tu me procures des habits semblables aux tiens… Et si tu veux,… j’ai de l’argent… beaucoup d’argent, nous partirons ensemble pour la Suisse. Je connais ton adresse pour les évasions ; il n’y a que toi qui puisses me tirer de là. »
Ce début n’avait rien de trop rassurant pour moi. Déjà assez embarrassé de ma personne, je ne me souciais pas du tout de mettre contre moi une nouvelle chance d’arrestation, en me réunissant à un homme qui, poursuivi avec activité, devait me faire découvrir. Ce raisonnement, que je fis in petto, me décida à jouer serré avec Villedieu. Je ne savais d’ailleurs nullement de quoi il s’agissait. À Lille, je l’avais vu faire plus de dépenses que n’en comportait sa solde, mais un officier jeune et bien tourné a tant de moyens de se procurer de l’argent, que personne n’y faisait attention. Je fus donc fort surpris de l’entendre me raconter ce qu’on va lire.