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à l’ordre du jour du marché de Sceaux ; en revanche, mes collègues m’auraient assommé de bon cœur. Un d’eux, gars bas Normand, connu pour sa force et son adresse, tenta même de me dégoûter du métier, en se chargeant de la vindicte publique : mais que pouvait un rustre épais contre l’élève du grand Goupil !… Le bas Normand succomba dans un des plus mémorables combats à coups de poing, dont les habitués du Marché aux vaches grasses eussent gardé le souvenir.

Ce triomphe fut d’autant plus glorieux. que j’avais mis beaucoup de modération dans ma conduite, et que je n’avais consenti à me battre que lorsqu’il n’était plus possible de faire autrement. Mon maître, de plus en plus satisfait de moi, voulut absolument me garder à l’année comme maître-garçon, en me promettant un petit intérêt dans son commerce. Je n’avais pas reçu de nouvelles de ma mère ; je trouvais là les ressources que je venais chercher à Paris ; enfin, mon nouveau costume me déguisait si bien, que je ne craignais nullement d’être découvert dans les excursions fréquentes que je fis à Paris. Je passai en effet auprès de plusieurs personnes de ma connaissance, qui ne firent même pas attention