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En raison de l’avancement que je venais d’obtenir, je cessai de voyager à pied, ce qui améliora sensiblement ma position ; car les toucheurs de bœufs fantassins sont toujours ou étouffés par la poussière qu’élèvent les bestiaux, ou enfoncés jusqu’aux genoux dans la boue, que leur passage augmente encore. J’étais d’ailleurs mieux payé, mieux nourri, mais je n’abusai pas de ces avantages, comme je le voyais faire à la plupart des maîtres-garçons qui suivaient la même route. Tandis que le fourrage des bestiaux se transformait pour eux en poulardes et en gigots de mouton, ou qu’ils s’en faisaient tenir compte par les aubergistes, les pauvres animaux dépérissaient à vue d’œil.

Je me conduisis plus loyalement : aussi, en nous retrouvant à Verneuil, mon maître, qui nous avait devancés, me fit-il des compliments sur l’état du troupeau. Arrivés à Sceaux, mes bêtes valaient vingt francs de plus par tête que toutes les autres, et j’avais dépensé quatre-vingts francs de moins que mes confrères pour mes frais de route. Mon maître, enchanté, me donna une gratification de quarante francs, et me cita parmi tous les herbagers, comme l’Aristide des toucheurs de bœufs ; je fus en quelque sorte mis