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qu’on n’amenait guère à ce marché que des bestiaux de cantons assez éloignés ; d’un autre côté, quoiqu’on n’eût encore rien fait pour réparer les désastres de la guerre, la pacification avait été presque terminée par le général Hoche, et si l’on voyait encore des soldats républicains dans le pays, c’était surtout pour contenir les chouans, qui pouvaient devenir redoutables.

Je me trouvai au marché de grand matin, et, songeant à tirer parti de la circonstance, je m’approchai d’un marchand de bœufs, dont la figure me revenait, en le priant de m’entendre un instant. Il me regarda d’abord avec quelque méfiance, me prenant peut-être pour quelque espion, mais je m’empressai de le rassurer en lui disant qu’il s’agissait d’une affaire purement personnelle. Nous entrâmes alors sous un hangar où l’on vendait de l’eau-de-vie ; je lui racontai succinctement, qu’ayant déserté de la 6e demi-brigade pour voir mes parents, qui habitaient Paris, je désirais vivement trouver une place qui me permît de me rendre à ma destination sans crainte d’être arrêté. Ce brave homme me répondit qu’il n’avait pas de place à me donner, mais que si je voulais toucher