qui, dans cette retraite inaccessible aux regards, pouvaient m’expédier à bas bruit, et m’envoyer tenir compagnie aux saumons et aux éperlans de la Loire : il ne me restait donc qu’un parti à prendre, c’était de partir au plus vite, et je m’y décidai.
Après avoir troqué mes habits neufs contre une casaque de paysan, avec laquelle on me donna dix-huit francs de retour, je quittai Nantes, portant au bout d’un bâton un panier de provisions, ce qui me donnait tout à fait l’air d’un homme des environs. Il est inutile de faire observer que je pris la traverse, où, soit dit en passant, les gendarmes seraient bien plus utiles que sur les grandes routes, où se montrent rarement les gens qui peuvent avoir quelque chose à démêler avec la justice. Cette observation se rattache, du reste, à un système de police municipale dont on pourrait tirer, je crois, d’immenses avantages. Borné à la sûreté proprement dite, il permettrait de suivre de commune en commune la trace des malfaiteurs, tandis qu’une fois sortis du rayon des grandes villes, ils bravent toutes les recherches de l’administration. À diverses époques, et toujours à l’occasion de quelques grandes calamités, quand les