Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se payait fort cher, avait été employé dans le voyage ; sans vêtements, sans ressources, sans connaissances, il me fallait au moins le temps d’écrire à ma mère pour en obtenir des secours. J’acceptai donc tout ce qu’on m’offrit. Mais une circonstance toute particulière abrégea singulièrement mon séjour dans l’île Feydeau. Au bout de huit jours, mes commensaux me voyant parfaitement remis de mes fatigues, me dirent un soir que le lendemain il y avait un coup dans une maison, place Graslin, et qu’ils comptaient sur moi pour les accompagner : j’aurais même le poste d’honneur, devant travailler dans l’intérieur avec Mauger.

Ce n’était pas là mon compte. Je voulais bien utiliser la circonstance pour me tirer d’affaire, et gagner Paris, où, rapproché de ma famille, les ressources ne me manqueraient pas ; mais il n’entrait nullement dans mes combinaisons de m’enrôler dans une bande de voleurs ; car, bien qu’ayant hanté les escrocs et vécu d’industrie, j’éprouvais une répugnance invincible à entrer dans cette carrière de crimes dont une expérience précoce commençait à me révéler les périls. Un refus devait, d’un autre côté, me rendre suspect à mes nouveaux compagnons,