inattendu des culottes jaunes et des chapeaux bordés me trouble, je fais un mouvement pour fuir ; mes deux hommes me crient d’arrêter, en faisant le geste très significatif de prendre leur carabine au crochet ; ils arrivent à moi, je n’ai point de papiers à leur montrer, mais j’improvise une réponse au hasard : « Je me nomme Duval, né à Lorient, déserteur de la frégate la Cocarde, actuellement en rade à Saint-Malo. » Il est inutile de dire que j’avais appris cette particularité pendant mon séjour au bagne, où il arrivait chaque jour des nouvelles de tous les ports. « Comment ! s’écrie le brigadier, vous seriez Auguste…, le fils du père Duval, qui demeure à Lorient, sur la place, à côté de la Boule d’or ? » Je n’eus garde de dire le contraire : ce qui pouvait m’arriver de pis c’était d’être reconnu pour un forçat évadé. « Parbleu ! reprend le brigadier, je suis bien fâché de vous avoir arrêté ;… mais maintenant il n’y a plus de remède,… il faut que je vous laisse conduire à Lorient ou à Saint-Malo. » Je le priai instamment de ne pas me diriger sur la première de ces deux villes, ne me souciant pas d’être confronté avec ma nouvelle famille, dans le cas où l’on voudrait constater l’identité du personnage. Le maréchal-
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