tout de suite ; mais comment retrouver la route ?… Si le garde-champêtre, qui doit connaître le pays, voulait m’accompagner ?… Nous serions bien revenus demain pour partir à temps avec notre forçat. » Cette proposition écartait tous les soupçons, puisque un homme qui veut se sauver ne prend pas ordinairement la compagnie que je sollicitais ; d’un autre côté, le garde-champêtre, entrevoyant une récompense, avait mis ses guêtres à mon premier mot. Nous partîmes donc, et au point du jour nous étions à Morlaix. Mon compagnon, que j’avais eu soin d’abreuver largement en route, était déjà bien conditionné ; je l’achevai avec du rhum, au premier bouchon que nous rencontrâmes en ville. Il y resta à m’attendre à table, ou plutôt sous la table, et il aura pu m’attendre longtemps.
À la première personne que je rencontre, je demande le chemin de Vannes ; on me l’indique tant bien que mal et je pars, comme dit le proverbe hollandais, avec la peur chaussée aux talons. Deux jours se passent sans encombre : le troisième, à quelques lieues de Guéméné, au détour de la route, je tombe sur deux gendarmes qui revenaient de la correspondance. L’aspect