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verte, je me résolus d’y prendre du service ; au risque de me rompre le cou trente fois par jour, à grimper pour onze francs par mois dans les haubans d’un navire. J’étais prêt à m’enrôler comme novice, lorsqu’un son de trompette attira tout à coup mon attention : ce n’était pas de la cavalerie, c’était paillasse et son maître, qui, devant une baraque tapissée des enseignes d’une ménagerie ambulante, appelaient un public qui ne siffle jamais à assister à leurs grossiers lazzis ; j’arrivai pour voir commencer la parade, et tandis qu’un auditoire assez nombreux manifestait sa gaîté par de gros éclats de rire, il me vint le pressentiment que le maître de paillasse pourrait m’accorder quelque emploi. Paillasse me paraissait un bon garçon, je voulus m’en faire un protecteur, et, comme je savais qu’une prévenance en vaut une autre, quand il descendit de ses tréteaux pour dire suivez le monde, pensant bien qu’il était altéré, je consacrai mon dernier escalin à lui offrir de prendre sa moitié d’une pinte de genièvre. Paillasse, sensible à cette politesse, me promit aussitôt de parler pour moi, et dès que notre pinte fut finie, il me présenta au directeur. Celui-ci était le célèbre Cotte-Comus ; il