Cove ils n’avaient été ni rasés ni lavés, et leurs vêtemens tombaient en lambeaux. Ce qui rendait ce spectacle encore plus lugubre, c’est que la nuit était sombre et que le pont n’était éclairé que par une lanterne. »
« Le capitaine commença par faire mettre les menottes aux nouveaux venus ; puis, après les avoir interrogés et s’être assuré qu’ils n’étaient que six, il les fit coucher à plat ventre sur le pont. Restait le second acte de la pièce, il consista à nous traiter, le tonnelier et moi, de la même manière. Quand nous fûmes tous réunis, on jeta sur nous une grande voile, qui nous enveloppa comme un filet. C’est ainsi que nous passâmes la nuit. Le lendemain, au petit jour, on nous descendit l’un après l’autre, au moyen d’une corde passée autour de la ceinture, à fond de cale, dans une espèce de cachot si noir que nous ne nous voyions pas les uns les autres. Nous y couchions sur la planche nue. Pour toute nourriture, on donnait par jour à chacun une pinte d’eau et une livre de biscuit. Nous recevions cette distribution sans la voir ; le matelot chargé de la faire nous avertissait par un cri d’avancer la main, et quand nous