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sans cesse mon repos, c’est qu’il fallait pourvoir aux besoins de ces hommes : pour cela, je devais recommencer le métier de voleur, de manière que, d’un moment à l’autre, je pouvais me faire découvrir et eux aussi. Tous les soirs il me fallait visiter les provisions de chacun, pour leur apporter le fruit de mes larcins. »

« II y avait un grand nombre de passagers à bord, et je les faisais tous contribuer successivement, afin que cela se fît moins sentir, et que le manége pût durer plus long-temps. Malgré cette précaution, j’entendais dire souvent aux uns et aux autres, que leurs vivres allaient vite, sans qu’ils en pussent découvrir la cause. Ce qui m’embarrassait le plus, c’était la viande crue, que mes camarades étaient obligés de dévorer telle quelle ; encore ne pouvais-je pas toujours m’en procurer, surtout lorsqu’il faisait clair de lune ; alors il me fallait dérober double ration de pain. Enfin, mon maître m’ayant chargé de faire la cuisine pour lui et pour sa femme, cette occasion fut, comme de juste, mise à profit : si j’accommodais un potage ou un ragoût, il s’en renversait toujours une moitié, qui prenait le