Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près certaine, non-seulement les condamnés, mais encore les administrateurs et les surveillants. Le petit nombre de ceux que le climat n’aurait pas moissonnés ne manquerait pas de se servir des embarcations stationnaires pour écumer la mer, comme cela s’est fait plusieurs fois à la Nouvelle-Galles, et au lieu d’un établissement pénitentiaire, on se trouverait avoir fondé le berceau de nouveaux flibustiers. D’un autre côté, il est impossible de songer à diriger les condamnés sur aucune de nos colonies, pas même sur la Guyanne, dont les vastes savannes ne suffiraient pas pour assurer un isolement indispensable ; les évasions se seraient bientôt multipliées, et les colons pourraient rappeler la leçon donnée, dit-on, par Franklin, au gouvernement anglais, qui, à cette époque, déportait encore ses condamnés aux États-Unis. On assure qu’immédiatement après l’arrivée d’un transport de ce genre à Boston, il envoya au ministre Walpole quatre caisses de serpents à sonnettes, en le priant de les faire mettre en liberté dans le parc de Windsor, « afin, disait-il, que l’espèce s’en propageât et devînt aussi avantageuse à l’Angleterre que les condamnés l’avaient été à l’Amérique septentrionale. »